A moins de quatre semaines des élections européennes très difficiles pour son camp, le chef de l'Etat entend valoriser deux réalisations emblématiques: le troisième parc français d'éoliennes en mer, qu'il doit inaugurer mercredi au large de Fécamp, et Flamanville, où il doit assister jeudi à la fin du chargement d'uranium de l'EPR en vue du démarrage, très retardé, du plus puissant réacteur nucléaire du pays.
C'est "un moment de célébration", a dit mardi un conseiller présidentiel à des journalistes.
Emmanuel Macron va aussi dévoiler lors de sa première étape, selon l'Elysée, le lauréat d'un des appels d'offres en cours pour un parc d'éolien flottant d'une puissance de 250 mégawatts au sud de la Bretagne, une technologie encore en développement pour installer des sites plus au large.
Dans l'esprit des autorités, il s'agit d'illustrer la stratégie définie en février 2022 par le président dans son discours de Belfort, quand il avait décrété la relance du nucléaire, assumant d'en faire l'un des piliers de la "décarbonation" de la France, au côté de développement des énergies renouvelables.
L'exécutif estime que l'envolée des prix de l'énergie et la guerre en Ukraine ont validé ces choix qui font de la France, plaide-t-il, un des pays d'Europe les plus indépendants de l'extérieur en la matière.
L'Elysée veut d'ailleurs faire le lien entre cette séquence normande et le sommet Choose France qui s'est tenu lundi et a permis d'engranger des projets d'investissements pour un montant record de 15 milliards d'euros.
"L'énergie, c'est aussi un des éléments très forts d'attractivité de la France", et même "le point principal" quand "vous parlez aux différents chefs d'entreprises", plaide-t-on dans l'entourage d'Emmanuel Macron.
Douze ans de retard
Après avoir tenté de donner le ton des européennes avec son discours de la Sorbonne, sans que cela permette de rattraper le retard macroniste sur le Rassemblement national, le président va donc s'inviter à nouveau dans la campagne de manière subliminale en vantant son bilan. Avant une participation plus directe toujours attendue.
Le parc de Fécamp, où 71 éoliennes ont été installées et qui fonctionnera à 100% au cours de l'été pour une puissance d'environ 500 MW, est l'un des trois terminés avec ceux de Saint-Brieuc et Saint-Nazaire. Il doit permettre d'alimenter près de 700.000 Français.
Une dizaine d'autres sont en construction ou prévus, et un énorme appel d'offres doit être lancé en 2025 pour la production de 10 gigawatts supplémentaires à l'horizon 2035 -- soit l'équivalent de la consommation électrique annuelle de 10 millions de foyers.
Début mai, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire avait reconnu un "retard à l'allumage" en matière d'éolien en mer, tout en réaffirmant l'objectif gouvernemental: passer d'une production de 1,5 GW en 2024 à 18 GW en 2035 et 45 GW en 2050 (soit une cinquantaine de parcs).
Jeudi à Flamanville, Emmanuel Macron assistera à la fin du chargement d'uranium dans les cuves de l'EPR qu'EDF espère voir produire de l'électricité à partir de l'été, avec douze ans de retard sur le calendrier initial, pour une facture totale estimée par l'électricien à 13,2 milliards d'euros. Cette opération a débuté une semaine plus tôt.
Regardant la mer, à côté des deux réacteurs plus anciens de la centrale de Flamanville, sur la pointe du Cotentin, le réacteur de 1.600 MW qui permettra d'alimenter près de trois millions de ménages sera le plus puissant du parc nucléaire français qui en comptera désormais 57.
A l'heure où le gouvernement veut construire jusqu'à 14 réacteurs en France, c'est une étape majeure pour la filière qui veut tourner la page d'un chantier laborieux de 17 ans, émaillé de multiples problèmes et de surcoûts colossaux.
Mais l'exécutif préfère mettre l'accent sur d'autres aspects, rappelant que le premier EPR en France est aussi le premier réacteur mis en service dans le pays depuis 22 ans.
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